Manon Lescaut, 1ère partie - 03 (Abbé Prévost)
Histoire d’amour tragique écrite en 1731 par l'abbé Antoine François Prévost.
Abonnez-vous pour écouter une nouvelle lecture audio par jour : http://www.youtube.com/channel/UCb86EHE49GNG1Nc-5gTi6UQ/?sub_confirmation=1
"[...] « Mon cher Chevalier, me dit-il, je ne vous dis rien qui ne soit solidement vrai, et dont je ne me sois convaincu par un sérieux examen. J’avais autant de penchant que vous vers la volupté ; mais le ciel m’avait donné en même temps du goût pour la vertu. Je me suis servi de ma raison pour comparer les fruits de l’une et de l’autre, et je n’ai pas tardé longtemps à découvrir leurs différences. Le secours du ciel s’est joint à mes réflexions. J’ai conçu pour le monde un mépris auquel il n’y a rien d’égal. Devineriez-vous ce qui m’y retient, ajouta-t-il, et ce qui m’empêche de courir à la solitude ? C’est uniquement la tendre amitié que j’ai pour vous. Je connais l’excellence de votre cœur et de votre esprit ; il n’y a rien de bon dont vous ne puissiez vous rendre capable. Le poison du plaisir vous a fait écarter du chemin. Quelle perte pour la vertu ! Votre fuite d’Amiens m’a causé tant de douleur, que je n’ai pas goûté depuis un seul moment de satisfaction. Jugez-en par les démarches qu’elle m’a fait faire. » Il me raconta qu’après s’être aperçu que je l’avais trompé, et que j’étais parti avec ma maîtresse, il était monté à cheval pour me suivre ; mais qu’ayant sur lui quatre ou cinq heures d’avance, il lui avait été impossible de me joindre ; qu’il était arrivé néanmoins à Saint-Denis une demi-heure après mon départ ; qu’étant bien certain que je me serais arrêté à Paris, il y avait passé six semaines à me chercher inutilement ; qu’il allait dans tous les lieux où il se flattait de pouvoir me trouver, et qu’un jour enfin il avait reconnu ma maîtresse à la comédie ; qu’elle y était dans une parure si éclatante, qu’il s’était imaginé qu’elle devait cette fortune à un nouvel amant ; qu’il avait suivi son carrosse jusqu’à sa maison, et qu’il avait appris d’un domestique qu’elle était entretenue par les libéralités de M. de B***. « Je ne m’arrêtai point là, continua-t-il ; j’y retournai le lendemain pour apprendre d’elle-même ce que vous étiez devenu. Elle me quitta brusquement, lorsqu’elle m’entendit parler de vous, et je fus obligé de revenir en province sans aucun éclaircissement. J’y appris votre aventure et la consternation extrême qu’elle vous a causée ; mais je n’ai pas voulu vous voir sans être assuré de vous trouver plus tranquille. [...]"
YOUTUBE CHANNELS
COOKING WITH BENOIT : https://www.youtube.com/channel/UCMLcZRa7L2mM83tCL8DOfpA
TRAVEL J'ADORE : https://www.youtube.com/channel/UC7lMpbhPO5NjGoivz7y_wpg
WEB
TRAVEL J'ADORE : https://www.traveljadore.com/
SOUTIEN : https://www.buymeacoffee.com/lecteuradom
Commentaires
Enregistrer un commentaire