Colette - Paris de ma fenêtre, 11ème chapitre
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Recueil de chroniques paru en 1944, dans lequel l'auteur partage ses impressions sensibles et poétiques sur la vie parisienne, vue à travers le prisme de son intimité et de ses observations depuis sa fenêtre.
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"[...] Je ne sais pas s’il faut donner, à nos diverses attitudes, le nom de bravoure. Mais je crois qu’un étranger — je veux dire quelqu’un qui serait originaire d’un pays étranger à la guerre — emporterait quelque étonnement, s’il passait ici en temps d’alerte suivie de bombardement. Nos diversités le frapperaient d’abord, puis nos ressemblances. Ne parlons pas du comportement des enfants, qui n’est qu’une manifestation de leur inconscience et de leur impertinence de Paris. Au cri des sirènes, ils répondent par l’imitation du cri, après quoi ils sautent et courent comme sous une averse soudaine ; certains feignent la peur par maniérisme, puis ils n’y pensent plus, reprennent leurs billes et leur corde effilochée — le chanvre est rare. Si un garde du Palais-Royal a l’ordre de vider le jardin à cause du canon et des avions passants, l’enfance s’intéresse de nouveau à l’actualité, mais seulement pour réagir contre les ukases et les porteurs du pacifique uniforme noir à bandes rouges : « Non, mais quoi, alors, on fait pas de mal, non mais où qu’ils veulent qu’on joue, et puis quoi c’est jamais que des avions, ah ! ben, si on les écoutait… » etc., etc…
Les adultes, surtout les femmes, leur donnent l’exemple, non de la bravade, mais de l’indifférence. Je n’ai jamais vu une jeune femme s’arrêter de coudre, jusqu’à ce qu’intervienne, brassard jaune sur la manche, un des agents de la défense passive. Même si elle est pourvue d’un très petit enfant couché dans sa voiture, aucune ne fait mieux, ni pis, que lever un moment le regard vers les nues ou l’azur, puis reprendre couture ou lecture. Aucune ne gagne l’abri officiel — je crois qu’il est rue de Valois — c’est déjà bien beau que voitures, enfants et jeunes mamans se rangent sous les arcades, auxquelles le public du jardin accorde un crédit illimité… « On n’est pas dehors, on est sous les galeries ! »
Il m’arrive, en cas d’alerte, de me réfugier un moment sous ces mêmes arcades, pour le plaisir d’écouter, et de regarder. Nos plaisirs en ce moment ne sont pas nombreux. [...]"
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