Colette - Paris de ma fenêtre, 6eme chapitre



EXTRAIT : retrouvez l'intégralité du chapitre sur BUY ME A COFFEE https://buymeacoffee.com/lecteuradom/colette-paris-de-ma-fentre-6eme-chapitre Recueil de chroniques paru en 1944, dans lequel l'auteur partage ses impressions sensibles et poétiques sur la vie parisienne, vue à travers le prisme de son intimité et de ses observations depuis sa fenêtre. Abonnez-vous pour écouter une nouvelle lecture audio par jour : http://www.youtube.com/channel/UCb86EHE49GNG1Nc-5gTi6UQ/?sub_confirmation=1 "[...] Si une époque enfante l’art qu’elle mérite, quel art couve au sein d’une rêverie sombre, qui attend encore son aurore ? Parmi deux millions d’hommes prisonniers, des artistes d’aujourd’hui et de demain, tourmentés de conceptions captives, détiennent les secrets de ce qui sera l’art de la paix. Entre 1914 et 1918, des doigts virils occupèrent pareillement l’oisiveté des tranchées, modelèrent la glaise et ciselèrent l’anneau d’aluminium. Dans ces tiroirs qu’on n’ouvre presque jamais, dans ces « débarras » qui sont les coins les plus embarrassés d’un logis, nous trouvons encore la bague de métal terne — une femme nue — le culot d’obus — chrysanthèmes repoussés — un bâton de bois tors, incisé au couteau en écailles de serpent, avec sa date. De la même période s’élevèrent les peintres et les sculpteurs dotés d’un génie personnel, qui devinrent notoires. Le reste de ceux qui rêvaient d’art sous les armes est retombé à ras de terre, y a vécu un mauvais quart de siècle hasardeux et cahoté, a suffi aux besoins d’un art quotidien, éparpillé selon les exigences de l’ameublement, de la décoration murale, de la joaillerie de fantaisie. Celle-ci, qui fut chez nous florissante, se tient immobile depuis deux années déjà, et ses modèles, connus, n’attendent que de céder la place à de nouvelles inspirations françaises. Il n’y a pas que la guerre qui paralyse l’essor de l’esprit et ses réalisations dans tous les domaines. L’art français a déjà traversé, hors des effusions sanglantes, des périodes déplorables, où tout, même la littérature, semblait frappé d’une petite malédiction humiliante, qui s’étendit de « La Parisienne », affreux bibelot monumental, debout sur la porte d’une Exposition universelle, jusqu’au seau à charbon de la baronne Deslandes, en figure de crapaud béant, bosselé de pustules et l’œil exorbité. Il n’y aura pas de rédemption pour les œuvres d’une fâcheuse époque festonnée de tænias. Une rétrospective de 1900 ne susciterait que de l’horreur, si l’on en excepte quelques modes féminines, gracieuses, long voilées, angéliformes, nées d’ailleurs de la nécessité des contrastes... [...]" YOUTUBE CHANNELS COOKING WITH BENOIT : https://www.youtube.com/channel/UCMLcZRa7L2mM83tCL8DOfpA TRAVEL J'ADORE : https://www.youtube.com/channel/UC7lMpbhPO5NjGoivz7y_wpg WEB TRAVEL J'ADORE : https://www.traveljadore.com/ SOUTIEN : https://www.buymeacoffee.com/lecteuradom

 

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